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캐나다 퀘벡 출신의 연출가 로베르 르빠주의 자전적 연극 『887』에서 기억은 주요 테마이자 이야기를 관통하는 핵심 키워드다. 르빠주는어릴 때 살았던 머레이 가 887번지 아파트를 기억의 궁전으로 삼아 유년 시절의 기억들을 길어 올린다. 하지만 르빠주의 이야기는 곧 개인으로서의 그를 넘어서서 당대를 살았던 퀘벡의 한 아이, 퀘벡의 한 사람의 역사로 확장된다. 과거를 회상하며 개인의 기억을 찾아가는 여정은계급투쟁과 정체성의 위기로 복잡다단했던 1960년대 격동기 퀘벡의역사와 조우할 수밖에 없다. 이처럼 기억은 과거에 대해 질문을 던지며기존의 역사 인식을 재검토하고 새롭게 하는 자리를 마련한다는 점에서 정치적이며, 연극 예술은 이러한 집단 기억이 공유되고 전승되고 확장되는 실천의 장이라는 점에서 기억과 불가분의 관계를 맺는다.


Dans le prologue de sa dernière pièce intitulée 887, Robert Lepage, auteur, metteur en scène et acteur de ce superbe solo précise qu’il s’agit là d’un spectacle sur la mémoire. Mettant en scène un personnage qui peine à apprendre par cœur le célèbre poème Speak White de Michèle Lalonde qu’il doit réciter devant le public, Lepage nous invite dans l’univers de la mémoire: la sienne, celle qui remonte au temps de son enfance passée au 887 de l’avenue Murray à Québec, et celle du Québec des années 60. Ici, les souvenirs personnels et la mémoire collective se rencontrent à travers l’art magistral d’un des plus grands dramaturges du théâtre contemporain. Dans ce spectacle qui traite du phénomène de la mémoire, Lepage nous amène ainsi à revoir le travail de mémoire, voire à réfléchir à la question du “je me souviens”, cette devise du Québec qui est devenue une phrase vide: on se souvient, oui, mais on se souvient de quoi au juste? Et s’il est admis de connaître son histoire pour se retrouver dans le présent et bâtir son avenir, comment établir le passé? Ce n’est pas par l’histoire officielle remplie d’objectivité et qu’on répète sans trop d’intérêt ni d’attention. On ne peut pas s’appuyer non plus entièrement sur la mémoire collective qui se transmet au sein d’un peuple ou d’une même communauté, car il peut y avoir réellement “ce qui s’appelle un trou de mémoire collectif”. Ainsi Lepage nous propose de chercher la possibilité de revisiter le passé dans la mémoire vive, qui concernerait pour lui la vie de son père. En effet, les témoignages que porte la vie de ceux qui comme le père de Lepage ont vécu difficilement cette période de contradiction des années 60 méritent d’être dits et connus pour constituer la matière de la mémoire collective, voire de l’histoire des Québécois. Mais son père, comme tous les hommes au Québec à l’époque, pas riche, sans instruction, ne parlait pas. C’est donc là que doivent intervenir l’art, le théâtre en tant que témoins de la mémoire collective et de l’identité des peuples et ce, pour rendre visibles les hommes oubliés dans la narration de la grande Histoire du Québec. Au bout de son voyage dans la mémoire, Lepage parvient à se réconcilier avec son père et avec sa propre histoire. En même temps, grâce à la mémoire vive de son père, il réussit à réconcilier deux dimensions de la contradiction qui existait à l’époque au Québec, province francophone sous domination anglaise, ce paradoxe très dur à vivre pour les gens comme son père. Ce coup de théâtre de Lepage est bien joué comme acte socialement symbolique, et c’est maintenant à nous de vouloir agir, car on ne peut pas ne pas sentir concerné même de nos jours par cette lutte contre l’injustice, la pauvreté et l’inégalité des gens.