초록 열기/닫기 버튼

Les collections et les écrits de Paul Eluard sur les oeuvres d’arts primitives nous permettent d’éclairer à nouveau ce poète en tant que voyageur intime qui tourne son regard vers l’autrui. Il saisit le fondamental de la vie humaine à travers les masques de divers continents qu’il a rassemblés. Là coexistent de manière archétypale la vie et la mort, l’instinct et la raison, la peur et le rire, l’individu et le tribu, le conflit et la réconciliation. Les aborigènes d’Amérique, ceux de Côte de l’Arctique et ceux de l’Océanie portent des masques afin de regarder le soi. Les masques en Amérique gardant l’énergie cosmique sont des entités propres qui exercent le pouvoir magique. Ils symbolisent une autre réalité qui est le rêve dont l’image est liée à la nuit. Quant aux masques Inuit, ils extériorisent la douleur et la peur humaines. Les Inuits portant ces masques dansent et chantent afin de dépasser la douleur et la mort et de renaître. Par ailleurs, les masques en Océanie qui englobent l’esprit des ancêtres et ceux des animaux abolissent les frontières entre les espèces et permettent à ceux qui les portent de pleinement se métamorphoser. Eluard considère les masques primitifs comme des fruits de l’index, et non pas ceux de la représentation : ils ne copient pas la nature, mais ils s’appuient sur elle. De tels masques correspondent à l’image du “miroir sans tain” que le poète illustre souvent pour l’image surréaliste. Tout comme les masques primitifs nous permettent de tourner vers l’intéreur profond de ceux qui les portent, ce miroir qui n’a pas de ‘tain’ ne reflète pas ceux qui sont devant le miroir, mais invite d’aller à leur intérieur afin de “donner à voir” l’invisible. De plus, les masques primitifs sont étroitement liés au poétique surréaliste : ce dernier vise à libérer l’imagination, le rêve et l’instict des hommes freinés par la raison. Tout en explorant ainsi les masques primitifs, le surréalisme veut découvrir le merveilleux contenu dans leur incoscient et renouveler les matériaux de ses poèmes.