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La théorie est-elle morte? Dans notre époque caractérisée par ce qu’on appelle la ‘fin des grands récits’, la réponse à cette question semble être bien naturellement affirmative. Mais cette idée ‘en l’air’ est sujette à caution. Par exemple, Jonathan Culler s’interroge sur ce qu’on entend par théorie. Quant à lui, il se propse d’entendre par celle-ci tout particulièrement les trois principes interprétatifs suivants: celui de non-réfutabilité selon lequel une théorie n’est pas réfutable par définition; celui de paradoxe consistant à dénaturaliser les choses en remettant en cause la doxa; et celui de transdisciplinarité selon lequel une théorie tend à transcender la portée du propre domaine auquel elle appartient pour être en mesure de s’appliquer à d’autres domaines. Dans cet article, nous défendons l’idée que le concept d’auto-immunité qu’a emprunté Jacques Derrida au domaine d’immunologie pour s’expliquer d’une part sur la double source de la religion et d’autre part sur la double contrainte du concept de démocratie peut être considéré comme une ‘théorie’ à la Culler. En portant l’attention à deux concepts importants, celui d’ipséité et celui de dualité, nous nous proposons de dégager les caractéristiques ‘théoriques’ de l’idée d’auto-immunité telle qu’elle est formulée par Jacques Derrida dans ses analyses minutieuses portant sur la religion et la politique. À l’appui de cette théorie critique derridarienne, nous nous proposons encore d’examiner, entre autres, l’idée d’une sémiosphère formulée par Lotman pour démontrer, sinon montrer enfin que celle-ci fonctionne de manière à la fois auto-régulatrice et auto-immunitaire.