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Il est connu que dans l’Europe du XVIIIe siècle, la vie intellectuelle était dominée par l'influence des philosophes : le rayonnement de la France au centre duquel se trouvait l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert s’est étendu à toute l'Europe. Les voyages des philosophes dans les pays étrangers, la distribution directe de leurs écrits et quelques périodiques comme la Correspondance littéraire de Grimm servaient de moyens de diffusion des idées des Lumières en Europe. Or, leur influence ne touchait que le cercle restreint des élites francophones et il fallait passer par la traduction pour conquérir des lecteurs non francophones. Le présent article se propose d’examiner le problème des traductions de l'Encyclopédie au XVIIIe siècle en Europe afin de mesurer l'influence de ce symbole des Lumières et de voir les échanges de savoirs entre les pays européens. Tandis que l'Encyclopédie est devenue partout en Europe l'objet de la traduction, il n'existe aucune traduction adéquate de cette œuvre monumentale en aucune langue au XVIIIe siècle : en Allemagne, trois articles traduits seulement ; au Royaume-Uni, diverses entreprises de traduction n'aboutissant qu'au résultat décevant. Le cas des Russes est exceptionnel : ils ont traduit plus de 500 articles en leur langue. Pourtant si l’on se rappelle que l'Encyclopédie comprend environ 72000 articles et plus de 2500 planches, force est de constater que les traductions russes se révèlent elles aussi de piètres substituts de l'original. Le problème qui nous pose est de savoir pourquoi il n’existe pas une seule traduction acceptable de l'Encyclopédie. On peut citer plusieurs raisons : opposition des dirigeants de l'Église et de l'État à l’Encyclopédie et à sa traduction, un projet trop vaste pour lui seul(la traduction de 17 volumes d’articles), etc. Pourtant la meilleure explication serait à chercher dans l'hostilité des intellectuels et l'indifférence du public pour cet ouvrage : pour les Allemands tels que Herder ou Goethe, l’œuvre en question est considérée comme un symptôme de la décadence des Français ; pour les Anglais qui, libérés de l'absolutisme, disposaient déjà de la liberté d'examen et la liberté de la presse, les idées des encyclopédistes semblaient soit trop timides, soit trop hardies. Ce constat de l’histoire malheureuse de ses traductions ne nous permet pas pour autant de nier la grande importance de l'Encyclopédie diffusée sur l’Europe entière : l'Encyclopédie de Paris, la réimpression et les révisions ont un tirage d'environ 25000 éditions complètes et un grand nombre d'entre elles sont vendu dans plusieurs pays étrangers. En somme, il nous semble intéressant d’envisager la traduction comme processus des transferts culturels, étroitement liés aux contextes d’accueil et de nous interroger sur ce problème des traductions de l’Encyclopédie dans l’ensemble du processus de transfert culturels entre les pays d’Europeau XVIIe siècle.