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L'Education sentimentale est un roman de l'échec : échec amoureux, social au niveau personnel, mais aussi échec politique de toute une génération. Flaubert y sonne la fin de l'illusion romantique. La société qu'il décrit dans ce roman se caractérise par le règne de l'argent, et par la prostitution à tous les étages. L'argent devient le signifiant tout-puissant dans un monde dépourvu d'autorité. Le désir, l'amour y prennent également des formes mercantiles, et la femme, l'Autre d'une culture phallocentrique, est alors la marchandise qui garantit le bon fonctionnement de l'économie bourgeoise. Mme Arnoux vient occuper la place du désir pour un Frédéric Moreau en mal d'objet. Les ratages successifs qui l'empêchent de se déclarer relèvent d'une 'compulsion de répétiton' (Freud), c'est-à-dire, selon les termes de Lacan, d'un choix inconscient dont la cause est perdue, se produisant comme au hasard. Cet objet est censé rester impossible pour rester le support d'une chaîne métonymique qui assure la raison d'être du héros, et bien-sûr, la continuité du texte. Cependant Mme Arnoux ne sort pas indemne de l'engrenage du désir et de l'argent qui régit la société bourgeoise. L'indifférenciation frappant toutes les femmes qui pourraient momentanément se substituer à elle la contamine, et elle risque à tout instant de choir de son piédestal pour devenir elle-même un objet substituable, échangeable, et même vendable. Le principe du marché dégrade ainsi toutes les formes de rapports humains. A y regarder de près, Frédéric semble davantage fasciné par les objets - dont le prestige tient surtout de leur valeur économique - qui entourent Mme Arnoux que par sa personne. Dans la deuxième moitié du roman, il ne semble subsister que les relations d'argent, tout le monde se poursuivant, se trahissant sans vergogne. Mme Arnoux est finalement victime des spéculations frauduleuses de son mari, et la vente aux enchères de son mobilier ainsi que de sa garde-robe révèle la part qu'elle prend dans le système d'échange de ce roman. Mme Arnoux n'est donc que le fantôme des grandes dulcinées romanesques; elle n'est que le support d'un désir qui se conforme aux lois de l'argent. Si l'argent, ce signifiant sans signifié est l'élément déconstructeur de toute illusion romantique, c'est parce qu'il est structuré comme le désir. Les successeurs de Flaubert tels que Joyce, Kafka, et quelques romanciers du Nouveau roman n'auront même plus besoin de l'argent ni de support du désir pour exprimer la désillusion et l'absurdité du monde moderne. C'est alors qu'est advenue l'ère du soupçon pour le roman, genre du 19e siècle par excellence.


L'Education sentimentale est un roman de l'échec : échec amoureux, social au niveau personnel, mais aussi échec politique de toute une génération. Flaubert y sonne la fin de l'illusion romantique. La société qu'il décrit dans ce roman se caractérise par le règne de l'argent, et par la prostitution à tous les étages. L'argent devient le signifiant tout-puissant dans un monde dépourvu d'autorité. Le désir, l'amour y prennent également des formes mercantiles, et la femme, l'Autre d'une culture phallocentrique, est alors la marchandise qui garantit le bon fonctionnement de l'économie bourgeoise. Mme Arnoux vient occuper la place du désir pour un Frédéric Moreau en mal d'objet. Les ratages successifs qui l'empêchent de se déclarer relèvent d'une 'compulsion de répétiton' (Freud), c'est-à-dire, selon les termes de Lacan, d'un choix inconscient dont la cause est perdue, se produisant comme au hasard. Cet objet est censé rester impossible pour rester le support d'une chaîne métonymique qui assure la raison d'être du héros, et bien-sûr, la continuité du texte. Cependant Mme Arnoux ne sort pas indemne de l'engrenage du désir et de l'argent qui régit la société bourgeoise. L'indifférenciation frappant toutes les femmes qui pourraient momentanément se substituer à elle la contamine, et elle risque à tout instant de choir de son piédestal pour devenir elle-même un objet substituable, échangeable, et même vendable. Le principe du marché dégrade ainsi toutes les formes de rapports humains. A y regarder de près, Frédéric semble davantage fasciné par les objets - dont le prestige tient surtout de leur valeur économique - qui entourent Mme Arnoux que par sa personne. Dans la deuxième moitié du roman, il ne semble subsister que les relations d'argent, tout le monde se poursuivant, se trahissant sans vergogne. Mme Arnoux est finalement victime des spéculations frauduleuses de son mari, et la vente aux enchères de son mobilier ainsi que de sa garde-robe révèle la part qu'elle prend dans le système d'échange de ce roman. Mme Arnoux n'est donc que le fantôme des grandes dulcinées romanesques; elle n'est que le support d'un désir qui se conforme aux lois de l'argent. Si l'argent, ce signifiant sans signifié est l'élément déconstructeur de toute illusion romantique, c'est parce qu'il est structuré comme le désir. Les successeurs de Flaubert tels que Joyce, Kafka, et quelques romanciers du Nouveau roman n'auront même plus besoin de l'argent ni de support du désir pour exprimer la désillusion et l'absurdité du monde moderne. C'est alors qu'est advenue l'ère du soupçon pour le roman, genre du 19e siècle par excellence.