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Jacques le fataliste et son maître de Diderot, roman caractérisé par la polyphonie et l’intertextualité a provoqué une interminable discussion parmi les critiques. Dans cette étude, nous n’espérons pas en donner une exégèse cohérente, ce qui paraîtrait contredire les idées de Diderot. Nous voulons seulement voir dans cette œuvre comment les différentes voix, loin d’être dominées par celle de l’auteur, se présentent, comment les éléments hétérogènes s’unissent et comment la structure même obtient sa nature dialogique. A étudier conjointement, les manières employées par les narrateurs pour rapporter les histoires. Chacun adopte une stratégie plus ou moins distincte de celles des autres. Il existe plusieurs essais de classification des histoires, des personnages et des narrateurs de Jacques le fataliste, selon divers critères. En complétant les propositions de Robert Mauzi et de Jean Catrysse, nous avons essayé d'établir un tableau qui catégorise des personnages selon leurs rapports réciproques ainsi que leur fonction. Cette catégorisation des personnages ne peut éclairer toute la complexité de la structure de Jacques le fataliste, mais permet de la visualiser globalement. Quant aux techniques narratives, Jacques le fataliste rassemble presque toutes les formes de narrations utilisées auparavant séparément, il est donc une sorte de synthèse de l’écriture romanesque pratiquée par Diderot. Le plus remarquable dans les manières narratives des deux narrateurs principaux, est qu’ils diffèrent souvent le récit en trahissant l’attente du lecteur du roman ou de l’auditeur de l’histoire. Ce que prouvent les innombrables digressions faites par l’auteur-narrateur au fil du texte. C’est le moyen préféré de Diderot pour provoquer la curiosité du lecteur et augmenter le « suspense » de l’histoire. L’affection de Diderot pour le tableau comme moyen de composer des scènes pathétiques se retrouve dans son dernier roman où. l’auteur ne se contente pas seulement de présenter des tableaux mais encore d’essayer d’en montrer le mécanisme et le fonctionnement. Des œuvres de Diderot, Jacques le fataliste est sans doute la plus marquée par la tradition de la narration populaire et par le carnavalesque, au sens du terme adopté par Bakhtine dans son œuvre consacrée à Rabelais. Les affinités de Diderot avec la culture populaire sont présentes depuis son premier roman. Mais à la différence des Bijoux indiscrets, son dernier puise en grande partie dans la vie et la culture du peuple. Parmi sept narrateurs, le maître et le marquis des Arcis adoptent la même manière, qui est aussi conventionnelle que leur statut social et leur culture. L’auteur-narrateur et Jacques digressent pour tenir les auditeurs en suspens ou introduisent une autre histoire, des commentaires et des discussions. Par contre, les autres narrateurs ne s’écartent jamais du fil de la narration, s’ils n’y sont pas obligés. Enfin ce qui distingue le plus le récit de madame de la Pommeraye des autres du roman, c’est la voix narrative féminine. L’hôtesse est l’unique femme parmi les narrateurs qui se succèdent. Elle met en évidence son identité féminine et affirme son droit en tant que narratrice face aux auditeurs masculins Dans Jacques le fataliste, il existe plusieurs récits rapportés par divers narrateurs, qui donnent l’impression de lire plusieurs œuvres indépendantes les unes des autres. Cette impression est produite surtout par l’autonomie des voix narratives relativement à celle de l’auteur, constituant vraiment dans le roman la pluralité des voix et des consciences indépendantes et distinctes, la polyphonie authentique des voix à part entière. En introduisant plusieurs narrateurs dans son roman et en attribuant à chacun un langage, une voix et une conscience marqués par sa condition et son niveau social, Diderot crée un roman vraiment polyphonique, dans lequel, d’une part, il s’oppose à l’esprit sectaire et unilatéral qui exclut les idées contradictoires aux siennes, et, d’autre part, il montre la complexité du réel qui ne peut être traduite dans les romans monologiques traditionnels sur lesquels règne la seule et unique voix de l’auteur.