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A notre connaissance, Baudelaire est sans doute le poète le plus parisien de toute la littérature française. Richard Wagner est, par contre, un compositeur profondément germanique qui avait horreur de la France en général et de Paris en particulier. Et comment Baudelaire a-t-il pu se reconnaître dans ce musicien appartenant à un univers culturel totalement différent? En un mot, Baudelaire s'est reconnu dans Wagner de la même manière qu'il s'est reconnu dans Poe ou Delacroix lorsqu'il a assisté aux premiers concerts de Wagner donnés au Théâtre-Italien en 1860. Alors il a envoyé à Wagner une lettre d'admiration datée du 17 février 1860. Un an plus tard il a composé une copieuse étude sur le compositeur intitulée «Richard Wagner et Tannhäuser à Paris», afin d'introduire sa musique et ses théories esthétiques les plus générales dans le public éclairé. Le présent travail a pour but d'examiner le monde mythique chez Wagner selon la perspective baudelairienne. Baudelaire part de l'effet puissant qu'a produit sur lui sa première audition de la musique de Wagner. Il met l'accent sur l'extase physique et spirituelle que procure cette musique et insiste sur la sensation de l'espace étendu aux dernières limites. Dans ce cas la musique agit comme une drogue et suscite un désir de l'élévation. Wagner rêve de l'art total dans lequel la musique a le pouvoir de concilier toutes les formes artistiques et de mettre en scène la totalité de l'expérience humaine. Or le seul modèle d'œuvre d'art véritablement totale que Wagner trouve réalisée dans l'histoire des spectacles, c'est la tragédie grecque. Le mythe(ou la légende) est le meilleur sujet à y traiter. Wagner le considère comme le genre poétique le plus pur, et Baudelaire s'aperçoit bien qu'en Wagner poésie et musique sont la double expression d'une même nécessité créatrice. En fait l'univers mythique wagnérien se caractérise par des jeux d'opposition et de contraste, qui rapellent la dramaturgie de Shakespeare. Cette vision dualiste est à la fois le moteur de l'action et le principe de la construction musicale. D'abord, Tannhäuser représente pour Baudelaire la lutte des deux principes opposés parce que le drame oscille entre le Venusberg et le Wartburg, entre la chair et l'esprit. C'est aussi le cas dans Lohengrin et dans Le Vaisseau fantôme. Le seul moyen de les réconcilier est la rédemption qui se trouve dans une expansion mystique. Et la musique de Wagner suggère et porte cette élévation. Sur le plan musical, Baudelaire discerne la valeur symbolique et psychologique du leitmotiv qui insiste sur l'architecture dualiste du drame wagnérien. D'autre part, le Wagnérisme de Nietzsche se distingue de celui de Baudelaire sous certains aspects. Le philosophe fait remarquer avant tout que toute l'œuvre de Wagner est pleine de caractéristiques de la décadence alors que Baudelaire considère son œuvre comme une ambition du dépassement, pas comme un cheminement vers le déclin. Ensuite Nietzsche souligne que Wagner mérite d'être apprécié uniquement dans la conception du détail. Autrement dit, il n'est pas capable de construire une œuvre en totalité. Cependant aux yeux de Baudelaire, tous les détails sont bien unis dans la musique de Wagner. Enfin Nietzsche critique Wagner en disant qu'il sacrifie à tous les styles de musique afin de tirer d'eux ce dont il a besoin, l'effet dramatique. D'après lui, Wagner ne veut rien d'autre que l'effet parce qu'il n'est pas musicien d'instinct. Il est un artiste qui veut calculer minutieusement. Mais Baudelaire revendique la part de calcul opposée au seul instinct, nécessaire pour réaliser l'équilibre parfait chez un poète. En somme, le thème le plus important abordé par Baudelaire dans son étude sur Wagner est celui de l'importance du mythe, le mythe opposé à l'obsevation de la réalité, la nécessité de créer une mythologie moderne, car seul le mythe permet de comprendre le monde.
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critique musicale de Baudelaire, Musikdrama de Wagner, tragédie grecque, mythologie germanique, vision dualiste, leitmotiv, Nietzsche et Wagner, décadence, totalité, effet dramatique