초록 열기/닫기 버튼

Nous essayons dans cette étude d'éclairer le sens de la libération sexuelle de Mai 68, «l'utopie de l'eros», dans le roman de Michel Houellebecq, Les particules élémentaies, en le situant dans une perspective de «l'entrecroisement de l'histoire et de la fiction» selon le terme de P. Ricoeur. Le narrateur du roman, qui se trouve dans les années 2060, raconte rétrospectivement l'histoire des années de la libération sexuelle, et surtout les aventures érotiques des descendants de la génération 68. Il s'agit en effet d'une représentation fictive d'un événement historique, qui fonctionne comme une «scène originaire» de l'histoire racontée. Notre hypothèse : la littérature, comme «variation imaginative» de l'histoire, redécrit la réalité historique, pour faire découvir le sens de l'histoire dans un autre point de vue. Pour développer notre problématique, nous exposons dans l'Introduction l'aperçu général de Mai 68 dans le cadre des théories de Reich et de Marcuse, pour mettre en relief les aspects de la libération sexuelle de Mai 68. Ensuite, dans le Premier Chapitre, nous soulignons que Les particules élémentaies représente Mai 68 comme une folie sexuelle qui aboutit à la détérioration de l'Éros, à la dislocation de la famille traditionnelle. On voit que la «logique du supermarché» induit inévitablement un «éparpillement des désirs», une aliénation de l'érotisme au sens du mot selon G. Bataille. Dans le Deuxième Chapitre, nous poursuivons précisement les avatars dramatiques ou les aventures érotiques des personnages principaux, Bruno et Michel : ils sont décrits comme des symboles tragiques de la désintégration familiale après Mai 68. Bruno, affamé du plaisir sexuel, erre à la recherche de l'utopie érotique, alors que Michel rêve de l'utopie de la technologie bio‑physique où l'homme se trouve libéré de tout désir, de toute souffrance. Bruno et Michel sont, en effet, «l'enfant trouvé» et «le bâtard», dans le sens freudien des mots. Nous en analysons alors les caractéristiques, en nous appuyant sur l'étude de M. Robert, Roman des origines et origines du roman. Dans la Troisième Chapitre et la Conclusion, nous mettons en lumière la refiguration narrative par laquelle le lecteur est invité à déchiffrer et à découvrir le sens profond du roman. Nous abordons alors la problématique de l'idéologie et de l'utopie, à l'appui des études de K. Mannheim, de R. Koselleck et de P. Ricoeur. Enfin, la stratégie narrative du texte place le lecteur entre la vision apocalyptique du monde et la vision eschatologique de l'avenir, comme le montre le ton ironique et ambigu par rapport à «The Brave new World», un monde imaginé par Michel et réalisé par ses successeurs.