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Diderot le casuiste. L’expression paraîtra, à bien des égards, peu convaincante voire insoutenable. Casuiste, cet athée dont la pensée s’avère fondamentalemet ‘areligieuse’? Mais, à y regader de près, nous constatons une analogie structuelle frappante entre la philosophie politique et morale de Diderot et la casuistique au sens strict, c’est-à-dire celle développée par la théologie morale chrétienne. Car elles supposent, toutes deux, la présence des plusieurs systèmes de législation et leur désaccord inévitable qui entraînent la contradiction interne de l’individu et l’affaiblissement moral de la société. Ce que Diderot exprime de sa part sous la formule de “trois codes” : code naturel, code civil et code religieux. Or, la pensée casuistique, sous forme religieuse ou non, soulève la question de la liberté de pensée et d’expression, parce qu’elle entraîne la question d’autonomie du ‘sage’ en tant que juge qui, surplombant sur l’enchevêtrement des plusieurs codes, dicte en dernière instance, ce que le commun des mortels doit faire ou s’interdire dans un ‘cas de conscience’ donné. Et l’autonomie et le droit du sage à l’égard des lois sont précisément un des messages principaux de l’Entretien d’un père. Nous disons ‘un des messages’, parce que l’important n’est pas là. En fait, en mettant en scène un ‘philosophe’ immature qui se prétend être ‘casuiste’ mais qui ne l’est pas encore et plus généralement des personnages dont le titre et les mœurs ne s’accordent pas et en disposant dans le texte plusieurs énigmes et des clés pour résoudre ceux-ci, Diderot nous présente une figuration littéraire de la pratique casuistique