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La Négritude signifie - d’après Léopold Sédar Senghor et Aimé Césaire, les fondateurs de cette théorie - l'ensemble des valeurs culturelles de l'Afrique noire, le rejet de l'assimilation culturelle et d’une certaine image négative du Noir. Malgré l’ambiguï̈té de la conception, ce mouvement a beaucoup influencé les intellectuels Noirs au quatre coins du monde, puis a naturellement conduit au développement de la Créolité ou l’Antillanité par la postérité. Le coeur à rire et à pleurer (1998) et La vie sans fards (2012) de Maryse Condé relatent son enfance et sa jeunesse au cours desquelles sa famille guadeloupéenne, en tant que ‘Grand-Nègre’, avait souvent voyagé en France métropolitaine, puis sa vie en Afrique pendant douze ans. L’écrivaine présente dans le diptyque autobiographique ses expériences et ses idées transformées au cours de sa vie. A travers ses histoires, nous pouvons surtout constater la trajectoire de ses idées envers le monde : la négligence de l’aliénation des Noirs puis sa reconnaissance, la découverte de la Négritude puis sa dénégation, et l’écriture de l’Antillanité. L’enfant Maryse n’a pas éprouvé, à cause de la protection absolue de ses parents, que sa race était aliénée depuis la colonisation de l’Occident. Elle reconnaî̂t de plus en plus son complexe d’infériorité raciale et l’aliénation de sa race comme Frantz Fanon les a évoqués dans Peau noire, masques blancs. Quand elle était lycéenne à Paris, dans les années cinquante, le mouvement de la Négritude était en train de se répandre entre intellectuels Noirs. Après avoir lu ses oeuvres poétiques, Maryse estime beaucoup Aimé Césaire, son compatriote. Quand elle s’est mariée avec un Guinéen, Maryse Condé a finalement décidé d’aller en Afrique. Les méandres de la vie lui offrent plusieurs facettes du monde pendant son séjour en Guinée, en Cô̂te d’Ivoire, au Sénégal et au Ghana. Face à l’image réelle de l’Afrique, l’écrivaine détruit son illusion de découvrir une culture africaine telle que définie par la Négritude. Elle est en accord avec les idées de Fanon selon lesquelles la culture fuit toute simplification et l’Afrique est composée de divers pays, de diverses civilisations. Ainsi, il lui semble que le rê̂ve des théoriciens de la Négritude d’avoir une masse de culture africaine est inexistant, voire impossible. Maryse Condé reconnaî̂t enfin sa propre identité culturelle, après avoir vécu dans plusieurs pays d’Afrique, c’est-à-dire son déracinement : elle n’est plus guadeloupéenne, ni française, ni guinéenne. Elle devient écrivaine afin de montrer son identité culturelle caractérisée par les diversités et hybridités culturelles qu’Edouard Glissant avait expliquées en un néologisme : l’Antillanité.