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Le présent article se propose d'examiner, à travers du roman L’anté-peuple de Sony Labou Tansi, les aspects spécifiques de l’imagination politique de la ‘postcolonie’, un concept inventé par Achille Mbembe pour interroger sur l’identité des sociétés de l’Afrique subsaharienne récemment sorties de l’expérience de la colonisation. Le citoyen Dadou, héros du roman, est un intellectuel qui éprouve une grande répugnance pour le nouveau régime socio-politique du Zaïre après l’indépendance, un système où le corps-sexe féminin s’échange contre les statuts socio-économiques. Il est aussi profondément pris par le dégoû̂t pour lui-mê̂me qui vit toujours en état de connivence avec le régime corrompu en y occupant une place plus ou moins privilégiée. Il exprime son répugnance contre le régime par l’ascétisme et l’abus d’alcool qui cause une dégradation progressive de son ê̂tre. Autrement dit, il se trouve dans une situation de la double contrainte, une situation typique de la postcolonie, où il se sent comme un homme impuissant, vide et castré. Dadou s’échappe des contraintes du régime répressif grâ̂ce à l’amour sacrificiel des deux jeunes filles, Yavelde et Yealdara, pour recouvrer enfin la vie d’un homme maî̂tre de soi-mê̂me. Il doit passer par la prison, le fleuve et la forê̂t, trois lieux symboliques et initiatiques, pour finalement arriver à devenir un fou. Le fou, c’est autant une figure métonymique des gens qui sont privés de tous les droits civiques par le potentat de la postcolonie et se sont réfugiés dans une zone marginale aux confins du non-monde, qu’une figure symbolique des maquisards qui se sont mis à faire la guerre contre le régime carnivore. Et la natte du fou, c’est non seulement un objet symbolique qui veut dire la nuidité, l’état honteux et la pauvereté des fous, mais aussi celui qui garde en lui-mê̂me une vision messianique et eschatologique d’un monde futur. En somme, la folie dans le roman L’anté-peuple, c’est un nom donné à une aspiration passionnelle et tragique de ceux qui veulent réaliser dans le monde ce qui n’est jamais réalisable dans le temps de l’histoire, en se livrant à une guerre sans projet politique et sans avenir contre le régime postcolonial.