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Dans divers écrits de Paul Claudel, on trouve le plus souvent une préoccupation qu'on pourrait qualifier d'écologique. En effet, le poète ne cesse de dénoncer avec véhémence les méfaits du temps moderne, dont le dégat infligé à l'environnement par la civilisation industrielle. Pour Claudel, le monde est «fini», c'est-à-dire parfait et suffisant. Dieu, ayant achevé sa création, a déclaré que son œuvre était «bonne et très bonne». «Notre seigneur, dit Claudel, a pris dans ses mains saintes et vénérables, un certain nombre de ces éléments naturels et les a élevés à la dignité de sacrements, par quoi ils deviennent réellement ce qu'ils signifient. (…) La Bible n'est qu'un vaste vocabulaire, qui nous apprend à employer les choses dans leur signification divine.» Mais hélas! aujourd'hui la Création est exploitée, souillée, polluée, poisonnée, abîmée, défigurée par la civilisation industrielle, au nom du Progrès et du développement. Au yeux de Claudel, le spectacle en est apocalyptique : «ces forêts de chevalets des entreprises pétrolières, ces monceaux de débris qui parsèment la face de la Belgique et de la Westphalie, ces moulins de l'Afrique du Sud qui concassent le quartz pour en extraire l'or» ; «tous nos tripotages chimiques et pharmaceutiques, les gaz asphyxiants, le nuage de souffre de Westphalie, nos abominables usines de Saint-Denis et de Pantin qui pissent du vitrol et du chlore.» Ce qui paraît le plus inquiétant, c'est que la Machine est «en train de dévorer toute la création avec ses dents de fer», et que les hommes du temps moderne en proie d'horreur se prosternent devant «le monstre mécanique.» Et Claudel réagit violement contre la manière dont les hommes d'aujourd'hui traitent les créatures de Dieu : les animaux et les plantes qui ont été serviteurs, frères et sœurs de l'homme sont aujourd'hui «licenciés». «Il n'y a plus de liens, se désole poète, entre eux et nous.» Or, comment réparer la Création défigurée? Dans la note que Claudel a laissé pour ses Conversations dans Le Loir-et-Cher, on trouve les procédés à suivre : Il faut «connaître» la nature, la «compléter», l'«habiter vraiment», l'«offrir» à Dieu. Connaître la nautre, c'est «apprendre à regarder la même chose qu'elle». «Il nous faut la regarder de la même manière qu'elle-meme.» «Il nous faut l'exister, et exister en elle.» Compléter la nature, c'est lui apporter «un peu de soin ou d'aide ou de patience», lorsque la force lui manque. «Il faut venir au secours de cette création qui gémit et qui a besoin de nous.» Et comment habiter vraiment la nature? Il nous faut «habiter (…) dans un accord intime avec les intentions du site», comme le font les Orientaux : les Japonais ont «ce sentiment de révérence pieuse, de communion avec l'ensemble des créatures dans une bienveillance attendrie» ; en Chine la nature et l'homme ont l'air «de vivre en si bon accord», et «l'homme ne détruit pas la nature pour substituer ses idées aux siennes, il y occupe sa place comme les fourmis et les oiseaux.» Enfin offrir à sons Créateur la nautre, c'est l'amener au Père l'Éternel. Or, on assite à «une création continuelle» que fait la nature. Nous avons à aider la nature qui est en souffrance de la parturition, «pour qu'elle arrive à la liberté de la gloire dans la corruption du temps et de la cause matérielle. Pour que la créature enfin passe jusqu'à son Créateur.» Le «vicaire» de Dieu, l'homme se doit d'évangéliser toutes les créatures, de les inviter à la Messe. Et en même temps «nous avons à dégager de toutes les créatures la marque du Créateur, (…) ce qu'elle a à nous dire de Dieu (…). Il s'agit de s'expliquer et de lui[à la nature] expliquer pourquoi elle est faite.» Au Paradis qui se réalisera ainsi, toutes les créatures seront rassemblées. Pour Claudel, la poésie n'a, comme l'indique Jacques Madaule, d'autre but que de «rendre à la Terre son état ancien de Paradis.» Le Paradis, c'est ce que «le rassembleur du ciel et de la terre» qu'est Claudel a voulu réaliser par poésie où rien ne sera exclu.


Dans divers écrits de Paul Claudel, on trouve le plus souvent une préoccupation qu'on pourrait qualifier d'écologique. En effet, le poète ne cesse de dénoncer avec véhémence les méfaits du temps moderne, dont le dégat infligé à l'environnement par la civilisation industrielle. Pour Claudel, le monde est «fini», c'est-à-dire parfait et suffisant. Dieu, ayant achevé sa création, a déclaré que son œuvre était «bonne et très bonne». «Notre seigneur, dit Claudel, a pris dans ses mains saintes et vénérables, un certain nombre de ces éléments naturels et les a élevés à la dignité de sacrements, par quoi ils deviennent réellement ce qu'ils signifient. (…) La Bible n'est qu'un vaste vocabulaire, qui nous apprend à employer les choses dans leur signification divine.» Mais hélas! aujourd'hui la Création est exploitée, souillée, polluée, poisonnée, abîmée, défigurée par la civilisation industrielle, au nom du Progrès et du développement. Au yeux de Claudel, le spectacle en est apocalyptique : «ces forêts de chevalets des entreprises pétrolières, ces monceaux de débris qui parsèment la face de la Belgique et de la Westphalie, ces moulins de l'Afrique du Sud qui concassent le quartz pour en extraire l'or» ; «tous nos tripotages chimiques et pharmaceutiques, les gaz asphyxiants, le nuage de souffre de Westphalie, nos abominables usines de Saint-Denis et de Pantin qui pissent du vitrol et du chlore.» Ce qui paraît le plus inquiétant, c'est que la Machine est «en train de dévorer toute la création avec ses dents de fer», et que les hommes du temps moderne en proie d'horreur se prosternent devant «le monstre mécanique.» Et Claudel réagit violement contre la manière dont les hommes d'aujourd'hui traitent les créatures de Dieu : les animaux et les plantes qui ont été serviteurs, frères et sœurs de l'homme sont aujourd'hui «licenciés». «Il n'y a plus de liens, se désole poète, entre eux et nous.» Or, comment réparer la Création défigurée? Dans la note que Claudel a laissé pour ses Conversations dans Le Loir-et-Cher, on trouve les procédés à suivre : Il faut «connaître» la nature, la «compléter», l'«habiter vraiment», l'«offrir» à Dieu. Connaître la nautre, c'est «apprendre à regarder la même chose qu'elle». «Il nous faut la regarder de la même manière qu'elle-meme.» «Il nous faut l'exister, et exister en elle.» Compléter la nature, c'est lui apporter «un peu de soin ou d'aide ou de patience», lorsque la force lui manque. «Il faut venir au secours de cette création qui gémit et qui a besoin de nous.» Et comment habiter vraiment la nature? Il nous faut «habiter (…) dans un accord intime avec les intentions du site», comme le font les Orientaux : les Japonais ont «ce sentiment de révérence pieuse, de communion avec l'ensemble des créatures dans une bienveillance attendrie» ; en Chine la nature et l'homme ont l'air «de vivre en si bon accord», et «l'homme ne détruit pas la nature pour substituer ses idées aux siennes, il y occupe sa place comme les fourmis et les oiseaux.» Enfin offrir à sons Créateur la nautre, c'est l'amener au Père l'Éternel. Or, on assite à «une création continuelle» que fait la nature. Nous avons à aider la nature qui est en souffrance de la parturition, «pour qu'elle arrive à la liberté de la gloire dans la corruption du temps et de la cause matérielle. Pour que la créature enfin passe jusqu'à son Créateur.» Le «vicaire» de Dieu, l'homme se doit d'évangéliser toutes les créatures, de les inviter à la Messe. Et en même temps «nous avons à dégager de toutes les créatures la marque du Créateur, (…) ce qu'elle a à nous dire de Dieu (…). Il s'agit de s'expliquer et de lui[à la nature] expliquer pourquoi elle est faite.» Au Paradis qui se réalisera ainsi, toutes les créatures seront rassemblées. Pour Claudel, la poésie n'a, comme l'indique Jacques Madaule, d'autre but que de «rendre à la Terre son état ancien de Paradis.» Le Paradis, c'est ce que «le rassembleur du ciel et de la terre» qu'est Claudel a voulu réaliser par poésie où rien ne sera exclu.