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Dans cette étude, nous nous proposons d’analyser la nature de l’enseignement des jésuites au début du XVIIIe siècle tel qu’il est présenté dans la correspondance de Voltaire. La fin du règne de Louis XIV marqua en France l’apogée de la Compagnie, qui l’emporte sur ses rivaux par l’importance de son audience : succès auprès des élèves, ou du moins de leurs parents – succès également auprès des autorités, puisque Louis XIV se déclare officiellement protecteur du collège Louis le Grand – garanti par les efforts des jésuites pour faire vivre une jeunesse turbulente de façon méthodique, réglée, organisée. Les collèges d’Ancien Régime, habituellement, se repliaient sur eux-mêmes, refusant l’ouverture sur le monde. Mais tel n’était pas le cas du prestigieux collège Louis-le-Grand, au sein duquel deux institutions favorisaient grandement l’ouverture vers le monde extérieur : le théâtre du collège, et le cadre des publications assurées par les chercheurs (les scriptores). De plus, les enfants de la bourgeoisie et ceux de la noblesse s’y côtoyaient, et les jésuites entretenaient une certaine émulation entre les élèves. L’Institut des jésuites entendait ainsi répondre à l’aspiration des tempéraments juvéniles avides d’échapper aux structures imposées par le règlement. En 1710-1711, Voltaire est élève en classe de philosophie à Louis le Grand. Ce qu’on enseigne chez les jésuites dans la classe de philosophie, c’est toujours la vieille scolastique. Voltaire ne s’est pas le moins du monde intéressé à cette prétendue philosophie, agrégat archaïque d’Aristote et de saint Thomas. Sa grande année restera, en 1709-1710, sa classe de rhétorique, celle où Lejay et Porée lui ont fait découvrir ce que nous appelons la « littérature ». Il y acquiert une solide culture classique et y noue des amitiés, tant avec de brillants condisciples de la haute noblesse, qu’avec ses maîtres de la compagnie de Jésus (le père Porée surtout). Le génie poétique de Voltaire s’affirma avec éclat dans son année rhétorique. Ses sept années de collège l’ont profondément marqué. Dans sa correspondance avec ses anciens maîtres, il exprime sa reconnaissance, non seulement pour l’éducation reçue au collège Louis le Grand mais aussi pour la bienveillance de ses professeurs. Mais le jugement de Voltaire sur l’éducation donnée par les jésuites est ambivalent : s’ils ont su former son goût pour l’étude des Belles-Lettres, il leur reproche cependant un certain nombre de lacunes, comme l’enseignement du français ou de la philosophie contemporaines.


Dans cette étude, nous nous proposons d’analyser la nature de l’enseignement des jésuites au début du XVIIIe siècle tel qu’il est présenté dans la correspondance de Voltaire. La fin du règne de Louis XIV marqua en France l’apogée de la Compagnie, qui l’emporte sur ses rivaux par l’importance de son audience : succès auprès des élèves, ou du moins de leurs parents – succès également auprès des autorités, puisque Louis XIV se déclare officiellement protecteur du collège Louis le Grand – garanti par les efforts des jésuites pour faire vivre une jeunesse turbulente de façon méthodique, réglée, organisée. Les collèges d’Ancien Régime, habituellement, se repliaient sur eux-mêmes, refusant l’ouverture sur le monde. Mais tel n’était pas le cas du prestigieux collège Louis-le-Grand, au sein duquel deux institutions favorisaient grandement l’ouverture vers le monde extérieur : le théâtre du collège, et le cadre des publications assurées par les chercheurs (les scriptores). De plus, les enfants de la bourgeoisie et ceux de la noblesse s’y côtoyaient, et les jésuites entretenaient une certaine émulation entre les élèves. L’Institut des jésuites entendait ainsi répondre à l’aspiration des tempéraments juvéniles avides d’échapper aux structures imposées par le règlement. En 1710-1711, Voltaire est élève en classe de philosophie à Louis le Grand. Ce qu’on enseigne chez les jésuites dans la classe de philosophie, c’est toujours la vieille scolastique. Voltaire ne s’est pas le moins du monde intéressé à cette prétendue philosophie, agrégat archaïque d’Aristote et de saint Thomas. Sa grande année restera, en 1709-1710, sa classe de rhétorique, celle où Lejay et Porée lui ont fait découvrir ce que nous appelons la « littérature ». Il y acquiert une solide culture classique et y noue des amitiés, tant avec de brillants condisciples de la haute noblesse, qu’avec ses maîtres de la compagnie de Jésus (le père Porée surtout). Le génie poétique de Voltaire s’affirma avec éclat dans son année rhétorique. Ses sept années de collège l’ont profondément marqué. Dans sa correspondance avec ses anciens maîtres, il exprime sa reconnaissance, non seulement pour l’éducation reçue au collège Louis le Grand mais aussi pour la bienveillance de ses professeurs. Mais le jugement de Voltaire sur l’éducation donnée par les jésuites est ambivalent : s’ils ont su former son goût pour l’étude des Belles-Lettres, il leur reproche cependant un certain nombre de lacunes, comme l’enseignement du français ou de la philosophie contemporaines.