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Sarraute est sous l'emprise des mots : depuis sa prime enfance, certaines phrases prononcées par sa mère lui ont laissé des marques indélébiles. Le rapport au langage a soulevé chez elle une question de connaissance de soi, car elle a essayé de construire son identité en s'appuyant sur la parole adressée par autrui. Ce qui est caractéristique dans cette prise de connaissance, c'est que Sarraute a compris les mots de sa mère comme une promesse à tenir. Cela veut dire qu'elle a compris le monde dans la perspective de l'éthique. D'où une conséquence cruciale : elle s'est considérée comme une enfant trahie et sa mère comme un être déloyal, absent et amoral. La problématique de son être est fondée sur cette expérience : les mots traduisent des rapports éthiques qu'elle a noués avec les autres. A partir de l'expérience de la trahison, Sarraute perçoit la fêlure béante entre les autres et elle. Cette fêlure la jette en extrême perplexité, non seulement parce qu'elle a compris l'identité authentique de sa mère qui est la fêlure même, mais encore qu'elle se trouve dans une impasse : elle ne peut ni méticuleusement explorer la fêlure, ni lâcher prise. Mais puisque la fêlure existentielle est produite par les mots, il faut que, pour y échapper, elle doive passer par la parole maternelle qui était la source de ses rapports instables avec des autres ; elle doit passer de la confiance fusionnelle dans les mots à leur soupçon ; elle doit passer de la solitude angoissante à la délivrance par les mots. Ce passage ne se fait pas sans la volonté d'ouvrir une nouvelle fêlure au sein de l'écriture, ceci pour se reconnaître comme sujet de sa propre parole et de son acte. Sarraute a trouvé cette possibilité à l'école où elle a appris à se dominer et où elle a pris conscience du cycle dynamique du détachement et du rattachement. La fêlure devient alors moins une étape à surmonter qu'une instance constituante du texte sarrautien. Le soupçon porté à sa mère la fait exploiter son propre espace littéraire qui est la fêlure, car sa mère, comme signe de la fêlure, se trouve à l'origine de son écriture.


Sarraute est sous l'emprise des mots : depuis sa prime enfance, certaines phrases prononcées par sa mère lui ont laissé des marques indélébiles. Le rapport au langage a soulevé chez elle une question de connaissance de soi, car elle a essayé de construire son identité en s'appuyant sur la parole adressée par autrui. Ce qui est caractéristique dans cette prise de connaissance, c'est que Sarraute a compris les mots de sa mère comme une promesse à tenir. Cela veut dire qu'elle a compris le monde dans la perspective de l'éthique. D'où une conséquence cruciale : elle s'est considérée comme une enfant trahie et sa mère comme un être déloyal, absent et amoral. La problématique de son être est fondée sur cette expérience : les mots traduisent des rapports éthiques qu'elle a noués avec les autres. A partir de l'expérience de la trahison, Sarraute perçoit la fêlure béante entre les autres et elle. Cette fêlure la jette en extrême perplexité, non seulement parce qu'elle a compris l'identité authentique de sa mère qui est la fêlure même, mais encore qu'elle se trouve dans une impasse : elle ne peut ni méticuleusement explorer la fêlure, ni lâcher prise. Mais puisque la fêlure existentielle est produite par les mots, il faut que, pour y échapper, elle doive passer par la parole maternelle qui était la source de ses rapports instables avec des autres ; elle doit passer de la confiance fusionnelle dans les mots à leur soupçon ; elle doit passer de la solitude angoissante à la délivrance par les mots. Ce passage ne se fait pas sans la volonté d'ouvrir une nouvelle fêlure au sein de l'écriture, ceci pour se reconnaître comme sujet de sa propre parole et de son acte. Sarraute a trouvé cette possibilité à l'école où elle a appris à se dominer et où elle a pris conscience du cycle dynamique du détachement et du rattachement. La fêlure devient alors moins une étape à surmonter qu'une instance constituante du texte sarrautien. Le soupçon porté à sa mère la fait exploiter son propre espace littéraire qui est la fêlure, car sa mère, comme signe de la fêlure, se trouve à l'origine de son écriture.