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Cette étude a pour objectif d'analyser le voyage à Londres raconté dans le 11e chapitre d'A Rebours de Joris-Karl Huysmans. Plus précisément, nous avons essayé d'y comprendre la signification et la fonction de cet épisode de la sortie hors de la maisonnette à Fontenay par rapport à l'ensemble du roman qui consiste à raconter la réclusion volontaire de Des Esseintes, le personnage principal. Intrigué par la fatigue morale et l'éreintement physique ressentis par le héros après son voyage interrompu à Paris, nous avons voulu examiner la continuité entre sa vie ‘à rebours’ et son voyage imaginaire basé sur des illusions de la vie anglaise. Avant d'analyser l'anecdote du voyage à Londres, nous avons élucidé la notion spécifique de voyage chez des Esseintes qui a choisi la solitude absolue en rupture avec la société. Nous avons pu constater que le voyage conçu par lui comporte des caractéristiques, telles que l'irréalité, la retrospectivité, l'activité purement imaginaire, la substitution de la réalité par des illusions etc. Egalement, nous avons pu remarquer que, pour effectuer un voyage, le héros du roman s'appuie sur des éléments favorisant la création des illusions : l'espace adapté, des choses évocatrices, la stimulation des sens, la perception du milieu environnant et la réflexion sur les oeuvres d'art. La raison pour laquelle des Esseintes est amené à sortir de son paradis artificiel semble résider en la toxicité de sa réclusion à la fois autonome et autosuffisante, c'est-à-dire en l'excès de l'artificialité et de la cérébralité. C'est ainsi qu'il quitte Fontenay au moment où la cérébralité de ses tentatives atteigne son paroxysme. Conçu comme une sorte de cure de réel, son voyage est composé de quatre scènes selon l'espace où il se trouve : le paysage parisien sous la pluie, la librairie Galignani's Messenger, la Bodéga, la taverne anglaise. Ce qui nous paraît intéressant, c'est que, dans chaque étape, le voyageur procède à des stratégies différentes pour susciter des illusions de voyage. Il recourt repectivement à la perception des conditions climatiques, à l'évocation d'un musée imaginaire exposant des tableaux des peintres anglais, à la remémorisation des textes littéraires de Dickens et de Poe et, enfin, à la métamorphose physique utilisant le besoin corporel. Par une combinaison adroite et astucieuse de ces stratégies, il réussit à accéder à la quintessence de la vie anglaise qui peut être appelée “l'anglaiseté” ou “la britanicité”. Ce qui lui permet d'interrompre son voyage en plein coeur de Paris. Bien qu'il paraisse de prime abord une tentative contradictoire avec les principes de sa réclusion volontaire, ce voyage avorté n'en aboutit pas moins à les consolider à plusieurs égards. D'abord, il a la valeur d'un choc revitalisant ; le contact avec le réel permet à des Esseintes de remédier l'excès de l'artificialité et de se recharger en énergie nécessaire pour continuer sa vie expérimentale. Ensuite, ce voyage constitue une occasion où il fait une expérience, à grandeur nature, de ses théories d'illusions susceptibles de remplacer la réalité. Finalement, son voyage interrompu au moment du départ pour l'Angleterre semble ironiser la notion de voyage moderne et faire un pied de nez à la société dominée par la bourgeoisie qui fait voir le jour au tourisme de promiscuité.