초록 열기/닫기 버튼

Les écrits d'Annie Ernaux, qui illustrent des comportements de société tout en problématisant l'inégalité sociale, peuvent ê̂tre reçus comme représentant de la tendance du retour du 'social' dans la littérature française. Notamment on y trouve une perspective post-marxiste, influencée fortement par la lecture d'ouvrages sociologiques de Pierre Bourdieu qui interrogent le rô̂le de la culture dans les enjeux de pouvoir, les privilèges et les dominations qui s'y enracinent. Dans ses deux oeuvres, La place (1984) et Une femme (1988), les témoignages ethnologiques des vies de 'gens de peu' au fil des évocations généalogiques, représentées par celles des parents de narratrice, ont beaucoup de choses en commun avec l'analyse de Bourdieu dans La Distinction (1976) sur l'habitus du peuple, proche tantô̂t du prolétaire tantô̂t de la petite bourgeoisie : le goû̂t de nécessité, le principe de conformité, le mimétisme, le désir d'ascension sociale, etc. Ces éléments sociopolitiques, en projettant un reflet actuel sur la société française, interrogent sur le mécanisme de l'exclusion, sur le fondement mê̂me de l'imposition du goû̂t. Or en tant que transfuge sociale qui a devenu, après l'ascension sociale, 'l'ennemie de classe' de ses parents, la narratrice-auteure souffre de la difficulté de représentation liée à sa culpabilité de trahir ses origines. Les efforts acharnés pour chercher le moyen de trouver la vérité sur 'la classe humiliée' qu'elle a quittée, aboutissent à “l'écriture plate”, style dépouillé qui refuse le sentimentalisme, l'analyse des intellectuels, mê̂me le souci de l'esthétique. Cette écriture plate et le ton neutre qu'elle crée, dénué d'enthousiame ou de virulence, nous fait réfléchir sur les façons de traiter les éléments sociopolitiques, notamment le problème de l'hiérarchie des classes, vers la fin du vingtième siècle.