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Notre étude se propose d'examiner la rêverie littéraire dans Les Eaux étroites (1976) de Julien Gracq. Ce récit poétique, qui peut être classécomme un texte autobiographique, raconte une promenade en barque au fil de l'Èvre, un petit confluent de la Loire situé tout près de la ville natale de l'écrivain qu'est Saint-Florent-le-Vieil. Or, cette promenade préférée entre toutes et tant de fois répétée depuis l'enfance, est une occasion exceptionnelle pour des rêveries aussi intenses que profondes, et on eût dit que Gracq a écrit ce livre pour fixer ses rêveries en une forme narrative et dramatique. Considérant en même temps «Les Yeux bien ouverts»(1954), autre important texte pour la question de rêverie, l'étude se développe en trois mouvements. Premièrement, on porte l'attention aux «images privilégiées» qui électrisent les autres images qui s'en approchent, tout en dispensant de l'énergie poétique. Ces images autour desquelles la rêverie se développe, laissent voir des aspects tantôt pauvres, tantôt riches. L'importance des sensations auditives et visuelles est aussi prise en compte ; elle caractérise le climat de la rêverie gracquienne. Deuxièmement, on examine le mécanisme de la rêverie elle-même, en analysant ce que dit Gracq dans Les Eaux étroites et «Les Yeux bien ouverts». Après l'explication du rapport entre la mémoire et les images privilégiées qui l'orientent, on procède à la distinction de deux sortes d'association des images : l'une est métaphorique, fondée sur la ressemblance de formes et de structures ; l'autre, qui est la plus fréquente,est métonymique, fondée cette fois sur la contiguïté et le recoupement des motifs. L'analyse nous permet de regarder de très près le fonctionnement de l'imagination en question. Troisièmement, on détermine six aspects de la rêverie : liberté, vitesse, court-circuit, volatilité, dynamique, sentiment du bonheur. L'examen de ces aspects constituent, semble-t-il, une occasion de reconnaître les traits essentiels de l'oeuvre de Gracq. À la fin de cette étude qui n'a d'autre enjeu que de considérer la rêverie littéraire de Gracq en tant que telle, nous nous voyons penser à une silhouette de l'écrivain : un rêveur en barque solitaire qui remonte un petit vallon dormant, illustré par le lavis chinois de l'époque Song que cite le narrateur poétique des Eaux étroites.