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Cet article étudie la manière dont le procès de Socrate(en 399 devant l’Héliée) a été utilisé par les différents auteurs grecs et romains de l’époque de Platon à celle de Boèce et Simplicius. Une attention toute particulière est portée aux dix œuvres antiques intitulées Apologie de Socrate(de celles de Platon et de Xénophon à celle de Libanios). Si toutes ces œuvres ont le même titre, en revanche elles ne visent pas toutes le même objectif. L’article examine les différentes fonctions remplies par les Apologies de Socrate depuis l’époque classique jusqu’à l’époque impériale: pourquoi autant d’auteurs reprennent-ils le même thème du procès de Socrate? Quels procédés rhétoriques ont-ils mis en œuvre? Les discours relatifs au procès de 399 remplissent trois fonctions majeures: une fonction polémique(consistant à défendre et à attaquer dans le cadre d’un procès réel voire fictif), une fonction intellectuelle(consistant à réfléchir sur la condition humaine et sur l’éloquence à partir du cas exemplaire de Socrate, mais aussi à réécrire une Apologie brillante, très travaillée, une œuvre de sophiste), enfin une fonction de divertissement(visant à faire rire le lecteur ou l’auditeur par des remarques sarcastiques et cyniques). Ces trois grandes fonctions correspondent aux trois tâches de l’orateur: le mouere, le docere et le delectare. La première partie de l’article traite de la fonction polémique de l’Apologie de Socrate. Sont étudiés successivement les œuvres des amis et disciples de Socrate représentant leur maître en train de se défendre et d’attaquer la cité(Lysias, Platon, Xénophon), les discours d’un conférencier défendant Socrate et attaquant ses propres contemporains (Maxime de Tyr), les discours des philosophes, eux-mêmes attaqués, se défendant en assimilant leur procès à celui de Socrate(Isocrate, Dion de Pruse, Apollonios de Tyane, Thémistios), enfin les Apologies de Socrate fictives écrites par des sophistes et des rhéteurs pour polémiquer (Polycratès, Théodecte, Démétrios de Phalère). A cette fonction se rattachent quelques épigrammes grecques, qui font le procès politique et moral des Athéniens (Antipater de Thessalonique et Diogène Laërce). La fonction intellectuelle fait l’objet de la seconde partie de l’exposé. Tout d’abord sont évoqués les travaux des érudits de l’Antiquité qui ont livré au public des informations sur le procès de Socrate et qui ont fait naître l’esprit critique: les historiens(surtout Flavius Josèphe et Appien), les biographes et les historiens de la philosophie(Diogène Laërce, Philostrate, Eunape, Aristoxène, Porphyre, Plutarque, Zénon de Sidon et Théon d’Antioche), les lexicographes(la Souda), les auteurs de recueils gnomologiques et de proverbes. Ensuite est abordée la réflexion des philosophes sur la condition humaine et sur la mort du sage(Cicéron, Sénèque, Plutarque, Epictète, Boèce et Simplicius). Parallèlement à cette réflexion philosophique est examinée la réflexion des rhéteurs qui jugent la valeur du discours de défense de Socrate selon les critères des genres oratoires. Certains spécialistes de la rhétorique(Cicéron et Aélius Aristide) montrent les défaillances dans l’argumentation du philosophe, d’autres soulignent les qualités du plaidoyer (comme Quintilien), d’autres rhéteurs utilisent l’Apologie comme exemple pour exposer des notions rhétoriques(ainsi Aristote, Aélius Théon, Apsinès de Gadara et Longin). Enfin le rhéteur Libanios passe même à la pratique en récrivant lui-même une Apologie de Socrate(déclamation I). La troisième partie de l’article est consacrée à la fonction de divertissement: à l’époque impériale, plusieurs auteurs ont cherché à faire rire en exploitant la mort de Socrate: Phèdre, Lucien de Samosate et Elien. Cette tonalité comique s’explique par l’inspiration cynique. La conclusion de cette étude souligne et explique le caractère paradoxal de ces diverses exploitations du procès de Socrate, qui ne relèvent pas du genre judiciairela raison en est l’attitude de Socrate qui a refusé en 399 le plaidoyer en bonne et due forme. Le procès de Socrate est devenu un argument d’autorité, prouvant le courage du philosophe face à la mort. C’est l’Apologie de Socrate écrite par Platon qui a exercé la plus grande influence sur les esprits de l’Antiquité.


Cet article étudie la manière dont le procès de Socrate(en 399 devant l’Héliée) a été utilisé par les différents auteurs grecs et romains de l’époque de Platon à celle de Boèce et Simplicius. Une attention toute particulière est portée aux dix œuvres antiques intitulées Apologie de Socrate(de celles de Platon et de Xénophon à celle de Libanios). Si toutes ces œuvres ont le même titre, en revanche elles ne visent pas toutes le même objectif. L’article examine les différentes fonctions remplies par les Apologies de Socrate depuis l’époque classique jusqu’à l’époque impériale: pourquoi autant d’auteurs reprennent-ils le même thème du procès de Socrate? Quels procédés rhétoriques ont-ils mis en œuvre? Les discours relatifs au procès de 399 remplissent trois fonctions majeures: une fonction polémique(consistant à défendre et à attaquer dans le cadre d’un procès réel voire fictif), une fonction intellectuelle(consistant à réfléchir sur la condition humaine et sur l’éloquence à partir du cas exemplaire de Socrate, mais aussi à réécrire une Apologie brillante, très travaillée, une œuvre de sophiste), enfin une fonction de divertissement(visant à faire rire le lecteur ou l’auditeur par des remarques sarcastiques et cyniques). Ces trois grandes fonctions correspondent aux trois tâches de l’orateur: le mouere, le docere et le delectare. La première partie de l’article traite de la fonction polémique de l’Apologie de Socrate. Sont étudiés successivement les œuvres des amis et disciples de Socrate représentant leur maître en train de se défendre et d’attaquer la cité(Lysias, Platon, Xénophon), les discours d’un conférencier défendant Socrate et attaquant ses propres contemporains (Maxime de Tyr), les discours des philosophes, eux-mêmes attaqués, se défendant en assimilant leur procès à celui de Socrate(Isocrate, Dion de Pruse, Apollonios de Tyane, Thémistios), enfin les Apologies de Socrate fictives écrites par des sophistes et des rhéteurs pour polémiquer (Polycratès, Théodecte, Démétrios de Phalère). A cette fonction se rattachent quelques épigrammes grecques, qui font le procès politique et moral des Athéniens (Antipater de Thessalonique et Diogène Laërce). La fonction intellectuelle fait l’objet de la seconde partie de l’exposé. Tout d’abord sont évoqués les travaux des érudits de l’Antiquité qui ont livré au public des informations sur le procès de Socrate et qui ont fait naître l’esprit critique: les historiens(surtout Flavius Josèphe et Appien), les biographes et les historiens de la philosophie(Diogène Laërce, Philostrate, Eunape, Aristoxène, Porphyre, Plutarque, Zénon de Sidon et Théon d’Antioche), les lexicographes(la Souda), les auteurs de recueils gnomologiques et de proverbes. Ensuite est abordée la réflexion des philosophes sur la condition humaine et sur la mort du sage(Cicéron, Sénèque, Plutarque, Epictète, Boèce et Simplicius). Parallèlement à cette réflexion philosophique est examinée la réflexion des rhéteurs qui jugent la valeur du discours de défense de Socrate selon les critères des genres oratoires. Certains spécialistes de la rhétorique(Cicéron et Aélius Aristide) montrent les défaillances dans l’argumentation du philosophe, d’autres soulignent les qualités du plaidoyer (comme Quintilien), d’autres rhéteurs utilisent l’Apologie comme exemple pour exposer des notions rhétoriques(ainsi Aristote, Aélius Théon, Apsinès de Gadara et Longin). Enfin le rhéteur Libanios passe même à la pratique en récrivant lui-même une Apologie de Socrate(déclamation I). La troisième partie de l’article est consacrée à la fonction de divertissement: à l’époque impériale, plusieurs auteurs ont cherché à faire rire en exploitant la mort de Socrate: Phèdre, Lucien de Samosate et Elien. Cette tonalité comique s’explique par l’inspiration cynique. La conclusion de cette étude souligne et explique le caractère paradoxal de ces diverses exploitations du procès de Socrate, qui ne relèvent pas du genre judiciairela raison en est l’attitude de Socrate qui a refusé en 399 le plaidoyer en bonne et due forme. Le procès de Socrate est devenu un argument d’autorité, prouvant le courage du philosophe face à la mort. C’est l’Apologie de Socrate écrite par Platon qui a exercé la plus grande influence sur les esprits de l’Antiquité.


기원전 399년에 열렸던 소크라테스의 소송은 플라톤으로부터 보에티우스와 심플리키우스에 이르기까지 그리스와 로마의 상이한 작가들의 소재가 되었다. 이 논문은 다양한 작가들에 의해 그 소재가 어떻게 이용되었는지에 대한 연구의 결과다. (플라톤, 크세노폰의 작품에서 리바니오스의 작품에 이르기까지) 『소크라테스의 변명』이라는 제목이 붙은 10개의 고대 작품들에 각별히 주목하였다. 비록 이 모든 작품들이 동일한 제목을 갖고 있지만, 동일한 목표를 겨냥하고 있지는 않다. 이 논문은 그리스 고전기부터 황제기까지 『소크라테스의 변명』에 의해 수행된 다양한 기능을 검토한다. 왜 그토록 많은 작가들이 소크라테스의 소송이라는 동일한 주제를 취하였을까? 그들은 어떤 수사학적인 방법을 작동시킨 것일까? 기원전 399년 소송과 관련된 연설들은 세 가지 중요한 기능을 수행하고 있다: (실제적인 혹은 가상적인 소송의 틀 속에서 변호하고 공격하는 데서 이루어지는) 논쟁적인 기능, (소크라테스의 사례로부터 출발하여 인간 조건과 능변(能辯)에 관하여 반성하고, 또한 화려하고 매우 정교하게 다듬어진 하나의 소피스트적인 작품으로서의 “변명”을 재작성하는 데서 이루어지는) 지성적인 기능, (비꼬는 듯한 냉소적 표지들을 통해 독자나 청자를 웃게 만드는 데서 이루어지는) 여흥적인 기능. 이 세 가지 중대한 기능들은 감동시키며(movere), 가르쳐 알려주고(docere), 즐겁게 해주는(delectare) 연설가의 세 가지 작업과 일치한다. 이 논문의 첫 번째 부분은 『소크라테스의 변명』의 논쟁적인 기능을 다룬다. 소크라테스가 자기를 변호하며, 도시를 공격하는 선생의 모습으로 재현해주고 있는 소크라테스의 친구와 제자들의 작품들(뤼시아스, 플라톤, 크세노폰), 소크라테스를 변호하며 그의 동시대인들을 공격하고 있는 한 연사의 연설문(티루스의 막시무스), 공격을 받게 되자 자신들의 소송을 소크라테스의 소송과 동일시시키면서 스스로를 변호하는 철학자들의 연설문들(이소크라테스, 디온, 튀아나의 아폴로니오스, 테미스티오스), 마지막으로 논쟁을 시키기 위해 소피스트와 수사학자들이 작성한 가상적인 『소크라테스의 변명』들(폴뤼크라테스, 테오덱테스, 팔레론의 데메트리오스)이 연속적으로 검토된다. 이 기능에는 몇몇 그리스 경구들이 연관되어 있는데, 이것들은 아테네인들에 대한 정치적이고 도덕적인 소송을 제기하고 있다(테살리아의 안티파테르와 디오게네스 라에르티오스). 지성적인 기능이 이 논문의 두 번째 부분의 대상이 된다. 무엇보다도 먼저 고대의 학자들의 작품이 언급되는데, 이들은 대중들에게 소크라테스 소송에 관한 정보를 제공해 주었고, 비판적인 정신을 탄생시켰다: 역사가들(특히 플라비우스와 압피아노스), 전기작가들과 철학사가들(디오게네스 라에르티오스, 필로스트라토스, 에우나피우스, 아리스토크세누스, 포르퓌뤼, 플루타르코스, 시돈의 제논, 안티옥의 테온), 사전편집자들(수다사전), 격언집이나 속담집의 작가들. 이어서 인간조건과 지혜로운 사람의 죽음에 관한 철학자들의 반성이 논의된다(키케로, 세네카, 플루타르코스, 에픽테토스, 보에티우스와 심플리키우스). 철학적 반성들에 병행하여 소크라테스의 변호 연설의 가치를 연설 장르의 기준에 따라 평가하는 수사학자들의 반성이 검토된다. 어떤 수사학의 전문가들은 그 철학자의 논증 속의 과실을 보여주며(키케로와 아엘리우스 아리스티데스), 어떤 이들은 그 양질의 변론이 갖는 장점을 강조하며(예를 들면 퀸틸리아누스), 어떤 수사학자들은 수사학 개념을 제시하기 위하여 『소크라테스의 변명』을 전범으로 이용한다(아리스토텔레스, 아엘리우스 테온, 가다라의 압시네스와 롱기누스). 마지막으로 수사학자 리바니오스는 『소크라테스의 변명』을 직접 다시 쓰면서 실행에 옮기기까지 한다. 이 논문의 세 번째 부분은 여흥적인 기능에 할애된다. 황제기에 여러 작가들은 소크라테스의 죽음을 이용하여 웃길 수 있는 방법을 찾았다(파이드로스, 사모스의 루키아노스, 아일리우스). 이 희극적인 어조는 냉소적인 영감에 의해 설명된다. 이 연구의 결론은 소크라테스 소송의 다양한 활용은, 법정 연설 장르에 속하지 않는다는 역설적인 성격을 강조하고 설명한다. 이런 사실의 진정한 이유는 기원전 399년 정식으로 이루어지는 변론을 거부했던 소크라테스의 자세에 있다. 소크라테스의 소송은 죽음에 직면해서 철학자가 보여주었던 용기를 증명하기에 권위의 논증이 되었다. 고대 정신에 가장 큰 영향력을 끼친 것이 바로 플라톤에 의해 쓰인 『소크라테스의 변명』이다.